Nous aurions aussi pu intituler notre article : « Non, le gonflement des bourses chinoises n’est pas une bulle », car c’est beaucoup de la Chine dont il va être ici question. La délirante augmentation de 100 % de la bourse de Shanghai en un an est certes effrayante, mais elle traduit une dynamique réelle (ou plutôt un rattrapage) du développement économique du pays. Il faut vraiment se demander comment du vrai argent (l’épargne des Chinois) s’investissant dans de vrais besoins (infrastructures, systèmes sociaux, dépollution, route de la soie, etc.) pourrait générer une bulle.
Notre équipe souhaite relever l’incohérence qu’il y a à s’effrayer de la prise de valeur de places financières situées dans d’évidentes zones de développement économique comme la Chine, alors que depuis des années le monde entier doit s’émerveiller des scores des bourses occidentales, et en particulier américaines, en complète contradiction avec les fondamentaux économiques des zones concernées. Oui, la bourse étasunienne est en pleine bulle (ainsi que, dans une moindre mesure, le Japon et l’Europe). Mais la libération des dynamiques des émergents se dotant des outils infrastructurels à la taille de leurs flux est sur le point d’absorber toutes ces bulles pour financer un développement d’activité d’une échelle encore jamais vue. Le krach mondial n’aura donc pas lieu, parce que la « planète finance » vient seulement de naître.
Les sous-parties de l’article :
Notre équipe a choisi de rendre public la partie de cet article intitulée « De la globalisation à la globalité : problème de plomberie résolu ! »,
De la globalisation à la globalité : problème de plomberie résolu !
Il ne tient qu’à l’Occident de saisir cette formidable opportunité. D’un côté, il y a la montagne insurmontable des problèmes des États-Unis : une économie qui entre à nouveau en récession[1], la précarité qui atteint des sommets[2], les revenus des 80 % les moins riches qui baissent depuis déjà deux ans[3], une sécheresse qui n’en finit plus en Californie, le spectre d’un nouveau shutdown en novembre[4] avec possibilité de défaut de paiement à la clé, une bourse en surchauffe[5], etc.
Figure 1 – Évolution des revenus par quintile, entre les périodes juillet 2012-juillet 2013
et juillet 2013-juillet 2014. Source : Bloomberg
De l’autre côté, il y a les perspectives prometteuses des BRIICS dans une logique de collaboration mondiale.
Nos lecteurs savent bien à quel point nous nous sommes inquiétés l’an dernier du risque d’enfermement de l’Occident sur lui-même. Depuis trois mois, nous avons repris le fil de nos anticipations concernant l’émergence du monde multipolaire, des défis posés par son organisation, des obstacles à sa mise en place et des écueils à son développement aussi. Avec l’accord iranien, le monde est soudain redevenu passionnant… car les problèmes qui se présentent sont autant de défis à relever et non plus des menaces de mort. Les solutions existent.
Ces problèmes sont innombrables : dégâts de la crise systémique globale à réparer autant que problèmes structurels à résoudre ensemble. Mais la machine est relancée et elle est mondiale pour la première fois dans l’histoire. Ce passage d’un monde occidental à un monde global a finalement surtout posé des problèmes de plomberie : une seule monnaie appuyée sur une petite économie nationale US, des marchés financiers non adaptés à la taille des flux, des institutions internationales incapables d’intégrer les nouvelles réalités globales… Alors, les BRICS ont relevé leurs manches et créé les conditions de réinvention du système monétaire international multi-monnaie, de marchés financiers véritablement mondiaux (par des innovations comme la connexion de leurs deux places financières de Shanghai et Hong Kong[6], sans parler du réseau de transaction en yuans qui traverse désormais la planète), des banques multipolaires ou mondiales comme la banque BRICS ou la toute nouvelle Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB), vers laquelle les pays européens, après avoir boudé la banque BRICS, se ruent désormais à l’invitation des Chinois (Londres d’abord, puis Paris, Rome et Berlin)[7], au point que les États-Unis, après avoir « grondé » les Européens pour leur enthousiasme[8], se retrouvent obligés de marquer une certaine volonté de coopération[9]. Même Israël, qui s’est fait courtiser par l’AIIB, comme par hasard pendant les négociations avec l’Iran a décidé de poser sa candidature[10].
Il manquait à toute cette ingénierie le terrain d’application. La Route de la soie en fournit la première trame. Le monde multipolaire est à construire, les milliards et les milliards qui flottaient dans l’air des marchés financiers occidentaux vont à nouveau pouvoir trouver où se poser. C’est un véritable New Deal que nous proposent les Chinois, nous l’avons vu, mais cette fois, il est mondial. L’Occident a inventé la globalisation, mais c’est la Chine, et les BRICS, qui ont bouclé le processus et mis en place la globalité. Pour lire la suite, abonnez-vous au GEAB.
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[1] Source : Business Insider, 02/04/2015
[2] Selon une étude de 2013 (déjà), 80 % des Américains ont fait face au chômage au cours de leur vie professionnelle, ou pendant au moins un an ont dépendu des aides de l’État ou ont vécu avec des revenus inférieurs à 150 % du seuil de pauvreté. Source : Associated Press, 28/07/2013
[3] Source : Bloomberg, 02/04/2015
[5] Source : MarketWatch, 25/03/2015
[6] Source : China Stock Markets web
[7] Source : Le Monde, 17/03/2015
[8] Source : The Guardian, 13/03/2015
[9] Source : Xinhuanet, 30/03/2015
[10] Source : Japan Times, 02/04/2015
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