Article rédigé par Christopher H. CORDEY, citoyen suisse, fondateur de Futuratinow, cabinet de conseil spécialisé dans l’idéation, l’anticipation stratégique et la formation. Partenaire de Yonders.world.
Déni, illusion de sécurité, sentiment d’impuissance et impréparation semblent prévaloir en matière de préparation de la population au risque d’un blackout à l’échelle européenne. Blackout reste un terme qui effraie et encore un peu tabou au sein de certaines chancelleries alors que les gouvernements américain, autrichien et suisse – parmi d’autres[1] – mobilisent depuis quelques années leurs populations à s’y préparer. La prosilience[2] devient un enjeu de sécurité nationale. Perspectives.
Par une froide fin de journée de 2022, le réseau électrique européen commence à lâcher. Blackout. De nombreux pays – dont les gouvernements peinaient déjà à lutter contre les menaces hybrides, endiguer l’émergence d’une énième pandémie et à atténuer les répercussions socio-géopolitico-économiques de la guerre en Ukraine – s’enfoncent dans l’obscurité. Plusieurs centrales nucléaires mettent en danger la vie de millions d’européens. Les éoliennes sont à l’arrêt faute de vent. La stupéfaction se lit sur les visages des pendulaires qui abondent le long des voies ferrées. La ruée vers les distributeurs de billets et les stations-essence devient vaine. Comme l’est l’utilisation des portables. Panique. Acte terroriste, foudre, vague de froid, bombe électromagnétique, cyberattaque, tempête solaire, surcharge du réseau ou simple défaillance technique ? Peu importe pour l’instant, le résultat est le même. Chaos, pénuries, émeutes et pillages risquent de composer le nouveau quotidien si le courant n’est pas rapidement rétabli. Certains gouvernements, plus prosilients que d’autres, se félicitent en silence. Pour combien de temps ? Le coût du black-start[3] sera phénoménal.
L’électricité, notre plus grande dépendance
Notre dépendance à l’électricité est totale. Sans elle la vie telle que nous la connaissons prend fin tant elle est au cœur de presque tous les aspects de notre vie moderne. Elle alimente nos ordinateurs, tablettes, portables, détecteurs incendie, pompes à chaleur, climatiseurs, réfrigérateurs, ventilateurs ou respirateurs mais aussi les systèmes de purification de l’eau, de traitement des déchets, logistique et de communication. Nous sommes vulnérables.
Mais à l’avenir l’approvisionnement en électricité deviendra de plus en plus précaire en raison du pic pétrolier, de l’instabilité politique, de négligences en matière d’entretien des infrastructures, des nouvelles vulnérabilités découlant d’une connectivité accrue (IoT)[4], du réchauffement climatique et du passage aux ressources énergétiques renouvelables. La demande quant à elle augmentera en raison de la croissance démographique, de l’augmentation des niveaux de richesse et de la dépendance à la consommation qui l’accompagne.[5]
En conséquence, les pannes d’électricité deviendront de plus en plus fréquentes et graves avec l’augmentation de la demande couplée à la complexité des systèmes.
Figure 1 – Différentes causes de blackout d’événements passés classées par continent. Source : econstor
Les risques du blackout
A la différence d’une coupure de courant, un arrêt momentané et localisé de la fourniture d’électricité, voire d’une pénurie d’électricité, un événement prévisible car provenant d’un manque d’électricité disponible, le blackout[6] désigne l’interruption de l’alimentation en courant électrique d’une région ou d’un pays. Il s’agit d’un phénomène soudain, imprévisible et relativement peu connu du grand public, mais craint par les spécialistes[7]. Les conséquences d’une telle interruption varient selon l’aire touchée, la durée de l’interruption et les capacités de résilience de la zone affectée[8].
Les causes du déclenchement d’un black-out sont de trois ordres et peuvent se combiner :
. des catastrophes naturelles (inondations, neige, vagues de chaleur, tempêtes de glace, vents et tempêtes solaires, pandémies, etc.). En janvier 2005, une violente tempête balaie l’Europe du Nord, de l’Irlande à la Russie. Plus de 500 000 foyers sont privés d’électricité, le Danemark et le sud de la Suède étant particulièrement touchés. Et cinq centrales nucléaires sont arrêtées en raison de l’infiltration d’eau salée dans les centrales de distribution d’électricité.
. des catastrophes techniques (surcharge du réseau, explosions, accidents industriels, accidents nucléaires, problèmes techniques et informatiques, etc.). Fin avril 2022, une vague de chaleur record[9] frappe l’Inde et le Pakistan (valeur maximale de 62°C), que les experts lient au changement climatique[10], le réseau est surchargé ce qui provoque des coupures d’électricité majeures.
. des menaces d’origine humaine (sabotages, attentats, cyberattaques[11], erreurs humaines, malveillances, bombes électromagnétiques, etc.). En décembre 2015, le logiciel malveillant BlackEnergy (BE), découvert sur les réseaux des infrastructures critiques ukrainiennes, a occasionné des coupures de courant sur le réseau électrique ukrainien.[12]
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Commentaires
Ce que vous dites là est du simple bon sens. Vu la situation , il n'y a plus qu'à acheter des bougies. Sauf que vous ne parlez pas de traiter la cause, même partiellement : En réalité , il n'y a a pas de pénurie d'énergie , fossile ou pas ,et celle ci est encore indispensable pour créer les sources de renouvelable. Cette crise de l'énergie brutale est inattendue parce que elle a été créée par l'occident et tout particulièrement les responsables de l'UE. D'abord , ce sont les traités européens qui en introduisant comme règle impérative, les règles ultra libérales de gestion des marchés, ont obligé la déstructuration des sociétés publiques indispensables à une gestion à long terme de l'énergie et de la compétence technologique ingenieuriale . Ce qui s'est passé en France depuis 2008 dans ce domaine ( et dans d'autres) a bien abouti à cette catastrophe inouïe que nous vivons. Le grand problème est maintenant inoculabilité qu'affichent les responsables politiques et leurs ex , les fonctionnaires de la commission, qui empêchera toute remise en cause de leur mantra et reconnaissance de leur incompétence , Par ailleurs,tout cela démontre que cette situation ne nous permettait pas de rentrer dans un conflit avec notre principal fournisseur d'énergie sans la moindre préparation , quelle qu'en soit les jugements moraux (cf arts de la guerre /Tsun tse). Lorsque j'ai écouté Lemaire nous annoncer triomphalement les sanctions sur l'énergie russe , j'ai été sidéré , et assuré de voir cette catastrophe arriver. C'était un pied de nez au simple bon sens et à une réalité méconnue. Là aussi les traités européens , tels qu'ils ont été établis nous ont amené à cette situation d'une direction européenne ubuesque et devenue psychopathe. Je vous lis depuis longtemps , mais j'ai bien noté l’inéquation croissante entre vos aspirations européennes et l’évolution de l'UE. Vos préconisations pour l'UE sont généralement tombées à plat Vous ne pouvez plus entrevoir de solution car la situation est devenue meta historique. Donc , aux postes de sauvetage. Les violons et " ce n'est qu'un au revoir...." Merde! Il faut quand même d'abord déloger le capitaine et virer face à la vague scélérate?, non?