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La naissance du techno-écologisme

L’Histoire a tendance à se rappeler des années 1920 comme des « roaring twenties », dominées par la joie de vivre, le jazz et le charleston. Mais cette histoire-là, c’est celle des Américains. Du côté de l’Europe, la population venait de connaître l’horreur absolue de la première guerre mondiale et vivait surtout un immense choc post-traumatique dont le dadaïsme donne une petite idée. En outre, les Européens sentaient confusément que la guerre n’est pas vraiment terminée : Traité de Versailles revanchard qui n’inaugure pas la paix mais prépare la prochaine guerre, mais aussi présence de tous les stigmates de la guerre (camps de prisonniers et de soldats, campagnes meurtrières de déminage, ruines…) propices à épidémies (grippe espagnole de 1918 : 20 millions de morts) et famines (5 millions de morts en Ukraine en 1922). Non, les années 20 en Europe n’ont pas été « roaring » mais plutôt « screaming ». Et c’est dans cette visualisation quotidienne de l’apocalypse que l’on trouve cette immense aspiration à l’ordre et à la paix qui jettera bientôt les peuples européens dans les bras d’idéologies et de chefs charismatiques promettant des lendemains qui chantent.

Aujourd’hui notre expérience de fin du monde est anticipée (ou fantasmée) (en cela, peut-être est-elle d’ailleurs plus virulente encore que celle de nos ancêtres). Elle est issue de ces prédictions sur les conséquences du changement climatique inévitablement induites par l’activité de 7-11 milliards d’individus accédant au confort de vie des Occidentaux, un changement de dimension démographique imposant un changement de paradigme énergético-économique  d’une très grande complexité, c’est un fait.

La gestion de cette transition justifiait peut-être le grand renfort de communication à l’origine de toutes les images traumatisantes nourrissant un « vécu » de fin du monde comparable à celui qui caractérisa les années 1920 et faisant émerger une radicalité identique en faveur d’un retour à l’ordre ancien (paradis perdu de paix) que paradoxalement seul un ordre nouveau peut conduire (le projet de Mussolini consistait bien en un renouvellement des élites). C’est ainsi que Mussolini peut être vu comme un « moderno-conservateur ». Le moderno-conservatisme du jour c’est le « techno-écologisme », ou la fusion des innovations trans-humanistes de Google et consorts avec le contenu politique du combat contre le changement climatique (retour au jardin d’Eden).

Ça tombe bien… 2020 est aussi l’année de déploiement de la 5G et des monnaies digitales à grande échelle (Libra, e-yuan, e-euro, et même e-dollar désormais). Ces prochaines étapes de progrès technologique vont pousser l’ « économie de surveillance » à de nouveaux sommets, économie de surveillance dont les gains (via les taxes GAFA et canalisations financières vers l’économie verte) et les techniques (collecte de données individuelles à visée prédictive) vont commencer dès cette année à servir le projet politique écologiste dans le plus grand enthousiasme populaire et avec de réelles avancées positives… au début.

Rappelons que le totalitarisme est un « système tendant à la totalité », s’immisçant dans la sphère intime des pensées, imposant à tous l’adhésion à une idéologie obligatoire.

Si la protection de l’environnement est une cause aussi pertinente que celle de la paix à laquelle aspiraient nos aïeux, l’autoroute que l’humanité s’apprête à emprunter pour y atteindre sera encore plus totale qu’il y a 100 ans :

. les techniques de contrôle de la pensée disponibles sont d’une puissance quasi illimitée

. la taille des populations impliquées dans le projet est sans commune mesure avec celles des années 30

. quant à l’enjeu, il est également supérieur à celui du siècle dernier puisqu’il s’agit ni plus ni moins de sauver la planète.

Figure – Evolution démographique des grandes régions du monde. Source : herodote.net

Il semble à notre équipe qu’à ce stade, une telle mobilisation en faveur de ce sauvetage promet certes le changement de paradigme dont toutes les crises traversées depuis 15 ans nous ont révélé l’absolue nécessité. Mais le prix à payer pourrait bien être faramineux et le temps nécessaire à un retour à la raison particulièrement long… abonnez-vous pour lire la suite dans le GEAB 142

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