Le processus d’éloignement de la nature a été inauguré par l’homme il y a très longtemps, lorsqu’il a inventé le feu peut-être ; ou même avant, lorsqu’il a commencé à façonner des outils. La vitesse à laquelle l’humain s’est extrait de la nature a été exponentielle : très lentement pendant des millénaires ; plus rapidement à partir de l’invention de la mémoire historique par les grandes civilisations égyptienne, grecque, romaine… qui se donnèrent ainsi les moyens d’accumuler l’expérience ; de plus en plus vite à partir des grandes découvertes du XV° siècle qui commencèrent à croiser les cultures et civilisations et à questionner les certitudes ; une avant-dernière accélération s’est produite au XVIII°-XIX° siècle où l’on cessât de se satisfaire de ce que la nature produit en surface pour attaquer ce qu’il y a en-dessous : minerais, charbon, pétrole… Cette étape est importante car elle marque le basculement hors de l’ère du progrès conçu comme l’optimisation des dons de la nature : à partir du XIXème siècle, on commence à s’émanciper de la nature en exploitant sa partie minérale autrefois jugée stérile… au détriment qui plus est de sa partie fertile (animale et végétale). Ce n’est pas par hasard que la théorie nietzschéenne du surhomme date du XIXème siècle car c’est à cette époque que l’humain commence à se prendre pour un dieu modelant le monde à son bon gré.
Mais on restait encore dépendant de matières premières issues de la nature. C’est avec la réalité virtuelle, la data, internet, …, que l’humain perd pied avec la nature, cessant de vouloir la dominer pour en recréer une nouvelle.
C’est sur cette méga-tendance d’« artificialisation », qu’il faut placer les thèmes de ce numéro spécial : sexe, famille, reproduction… même s’il convient de la croiser avec d’autre tendances comme stérilisation, marchandisation… Et surtout avec une grande contre-tendance : la résistance au changement.
Ce triptyque « sexe-famille-reproduction » a amené notre équipe au cœur de la société humaine. Et si nous avons un moment cru que ce sujet était aussi léger que le mois de juillet de sa publication, nous nous sommes vite aperçus qu’il nous emmenait sur les voies d’une réflexion quasi-philosophique dont les quelques pages de ce numéro spécial d’été ne constituent qu’une préfiguration.
Depuis des millénaires, l’humain aspirant au divin butte sur cet instinct qui le lie à son animalité quintessentielle. Ce n’est pas faute d’avoir essayé pourtant ! La reproduction/sexualité a en effet subi mille tentatives de « civilisation » : divinisée dans les religions polythéistes, stabilisée dans le cadre de la « famille », sacralisée par des vœux religieux, civilisée par l’amour courtois, annihilée par le célibat… A l’heure où le monde bascule dans cette étape décisive d’artificialisation, il convient de se demander ce qu’il va advenir de la fonction reproductive, de son prérequis, la sexualité, et de son cadre traditionnel, la famille.
Si l’humanité a désormais tous les outils pour réaliser le rêve nietzschéen du surhomme, par quelle torsion de la fonction animale de reproduction y parviendra-t-elle exactement ? Et comment fera-t-elle pour préserver son humanité au cœur d’une tempête de trans-humanisme totalitaire ? Étrangement, notre exploration de l’avenir nous a fait retomber sur l’Amour, grand absent de l’équation…
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