Depuis que Deng Xiaoping, dans les années 1970, a donné la priorité absolue au développement économique[1], la Chine a fait énormément de sacrifices. Elle a beaucoup travaillé, pour pas cher, polluant considérablement son pays et devenant en peu de temps l’atelier du monde.
Mais tous ces sacrifices n’étaient pas vains. À peine quinze ans plus tard, en 1993, Shanghai était par exemple capable de mettre en service sa première ligne de métro ultra-moderne[2]. Cet exemple n’est pas pris par hasard : la construction de lignes de métro est toujours un bon indicateur de santé économique et administrative d’une ville ou d’un pays.
Figure 1 – PIB par habitant en Chine et en Inde, 1950-2010. Source : Wikipédia.
Difficile intégration mondiale de la Chine
À la chute du bloc soviétique, le repositionnement de la Chine par rapport au reste du monde s’est accéléré. À partir des années 1990, ce grand pays a renforcé le vaste et lent processus de transition systémique suivant un principe de mise en compatibilité graduelle avec le système international.
En matière économique, il s’agit de la transition vers les principes de l’économie de marché « à l’occidentale » mise en œuvre, avec l’accord du Parti communiste chinois (PCC), par une génération d’économistes ouvertement « réformistes », dont les plus éminents représentants sont Wu Jinglian[3] et Zhou Xiaochuan[4] (actuel gouverneur de la People’s Bank of China).
En 1992, le PCC décide que les ressources seront allouées par les forces du marché plutôt que par ordre de l’État ; et de 1998 à 2003, un vaste processus de dérégulation, de libéralisation et de privatisation est entrepris dans le cadre de cette mise en compatibilité internationale.
Les résultats ne se font pas attendre puisque, en 2001, la Chine est autorisée à entrer à l’OMC.
Mais l’arrivée d’une économie ultra-dynamique de 1,4 milliard d’individus dans le jeu international bien réglé a provoqué un cataclysme dont l’OMC ne s’est jamais vraiment remise[5].
En réalité, il n’est pas difficile de comprendre que tant que la globalisation et ses institutions étaient au service d’un seul pôle de puissance (l’Occident qui les avait créées), tout se passait bien. Cela dit, l’arrivée de la Chine autour de la table obligeait à se demander à qui allait désormais profiter ce jeu. Le cycle de Doha, lancé un mois avant l’intégration de la Chine à l’OMC et destiné à finaliser en trois ans la libéralisation du commerce mondial (avec pour objectif avoué le développement des pays du tiers-monde), s’est retrouvé bloqué par ceux-là mêmes qui l’avaient souhaité, à savoir les Occidentaux.
L’échec du cycle de Doha marque un revirement durable de l’élan globalisateur, tout simplement parce que, si la globalisation au service d’un pôle unique de puissance est facile (c’est de l’impérialisme), l’arrivée de la Chine dans le jeu a provoqué un changement structurel profond de ces dynamiques, introduisant la notion de monde multipolaire – en l’occurrence « bipolaire », mais très vite suivi de la perspective de l’Inde, par exemple, comme mastodonte global émergent – alors que l’histoire récente a été incapable de gérer la multipolarité autrement que dans des logiques de confrontation.
À une exception près : les expériences d’intégration régionale qui ont appliqué des recettes de structures de pouvoir plates fondées sur les complémentarités et des logiques gagnant-gagnant. C’est dans ces expériences que le monde aurait dû aller puiser les outils de la réorganisation des nouvelles réalités globales. Mais le modèle qui a été ressorti, c’est finalement celui de la Guerre froide…
Nos lecteurs savent que nous avons suivi avec attention les efforts de la Chine pour s’intégrer en douceur dans le système international existant (OMC, G20…), puis pour diluer l’effet-Chine en se lançant dans la dynamique réformiste BRICS très proche des logiques plates d’intégration régionale, tentant à cette occasion d’initier une réforme monétaire internationale pour sortir les États-Unis et le monde de l’ornière dollar[6]. Nous avons assisté aux attaques violentes de l’Occident contre la tentative BRICS[7] et se repliant sur une stratégie de création d’une nouvelle panoplie d’institutions internationales à initiative BRICS ou chinoise (OBOR, NDB, AIIB, etc.).
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