GEAB 174

Le changement climatique a modifié notre relation avec l’eau, faisant entrer pouvoir et politique dans les questions d’accès et de gestion des droits de l’homme, car ce sont ceux qui n’ont aucun pouvoir qui sont les plus affectés par ce phénomène. Outre la question de l’accès à l’eau potable pour l’usage domestique, il s’agit également d’une question de souveraineté sur l’environnement[1]. L’eau sert également de nombreux objectifs de développement et de cohésion sociale : que nous la considérions comme trop ou pas assez abondante, inadéquate et bien souvent menacée, au niveau mondial, européen ou local, la protection de cette ressource naturelle fondamentale nécessite des stratégies de gouvernance solides, pour le bien commun des citoyens, qui ont le droit de contrôler l’environnement dans lequel ils vivent.

La Terre va-t-elle manquer d’eau ? Comment pourrions-nous gaspiller moins d’eau ? Comment concilier les demandes concurrentes des différents utilisateurs de l’eau ? Y aura-t-il des guerres à cause de l’eau à l’avenir ?… voici quelques-unes des questions qui reviennent à notre esprit constamment. Nous pouvons d’ores et déjà anticiper des tensions, voire des conflits, principalement autour de l’accès à l’eau potable. Les institutions supranationales ne parvenant pas à dégager un consensus sur ce défi, les gouvernements nationaux n’auront d’autre choix que d’arbitrer entre les différents utilisateurs de l’eau… aussi bien que les distributeurs d’eau, jusqu’à la dernière goutte.[2] Certains seront laissés pour compte et se révolteront. Un peu partout des réglementations sont en cours d’application[3]. La technologie aidera à certains égards,[4] mais l’infrastructure n’est pas encore au rendez-vous dans la plupart des régions touchées. Avec la multiplication des conflits interétatiques (les Espagnols ne veulent plus partager leur eau avec le Portugal[5], les problèmes de dispersion d’eau se profilent avec le changement climatique dans les Alpes[6], la pollution allemande met en danger l’eau potable néerlandaise[7], l’eau a été militarisée dans le conflit ukrainien[8], …), et des conflits intraétatiques (la France est actuellement confrontée à une affaire explosive de watargate[9]), devrons-nous procéder à l’inclusion de l’eau dans notre stratégie sociale globale ou est-il préférable de créer de nouveaux outils de gouvernance et de développer une économie urbaine circulaire de l’eau ?

La sécheresse devenant de plus en plus courante sur cette planète qui ne cesse de se réchauffer, la manière dont nous gérons nos ressources vitales est de plus en plus pressante et les guerres de l’eau seront difficiles à éviter.

L’avenir de l’Europe demeure dans la sécheresse