D’une part, LEAP/E2020 confirme la poursuite de la phase d’accélération de la crise prévue pour durer de Juin à Novembre 2006, comme annoncé en Mai dernier ; et d’autre part, nos équipes peuvent désormais anticiper plus précisément deux évolutions essentielles :
La poursuite de la chute du Dollar par rapport à l’Euro, avec une nouvelle accélération d’ici la fin du mois de Septembre
Depuis le début de l’année, le taux de change EuroDollar est passé de 1,18 à 1,28, avec des pointes autour de 1,29/1,30. Ces dernières semaines, on a assisté à une stabilisation de cette évolution du fait de facteurs techniques favorables au dollar (essentiellement la liquidation de positions courtes sur les matières premières et le Yen, libellés en Dollars, qui a obligé un grand nombre d’opérateurs à racheter des dollars), mais ceci sur fond de lente prise de conscience par les opérateurs de la disparition de tous les fondamentaux qui leur faisaient croire à la force inaltérable de la monnaie américaine, à savoir la supériorité structurelle de l’économie américaine, ses taux de croissance supérieurs, la dynamique durable de son secteur immobilier et la poursuite prévisible des hausses de taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine. En un été, toutes ces « croyances » ont peu à peu disparu , tout comme ces facteurs techniques disparaîtront courant Septembre et laisseront place à une situation entièrement nouvelle pour les marchés financiers et monétaires : ils n’auront plus aucun argument majeur pour « croire » dans la force du dollar. Les marchés ont déjà intégré ces derniers mois les raisons qui démontrent intellectuellement sa faiblesse durable mais, psychologiquement (et du fait de positions longues contraires), ils n’en ont pas tiré toutes les conséquences jusqu’à présent. Les prochaines semaines vont être le théâtre de cette prise de conscience généralisée et conduiront le taux EuroDollar durablement au-dessus des 1,30.
Cette évolution devrait notamment attirer l’attention des responsables de nombreux secteurs économiques puisque de la pertinence de leurs anticipations sur la valeur du Dollar dépendra une part non négligeable de leurs résultats pour 2007. Si, bien entendu, les secteurs exportateurs industriels sont concernés, il ne faut pas sous-estimer l’impact du taux de change EuroDollar sur l’agriculture européenne. En effet, avec la nouvelle réforme de la PAC et le rapprochement des cours mondiaux pour de nombreux produits agricoles européens (comme le lait par exemple), les fluctuations du taux EuroDollar ont désormais un impact majeur sur les exportations agricoles de l’UE. Ainsi, en 2006, la plupart des secteurs exportateurs avaient suivi les avis dominants (qui prédisaient la continuation de la hausse du Dollar par rapport à l’Euro). Ils avaient donc fondé leurs anticipations moyennes sur un taux autour de 1 Euro = 1,16 $. Avec un taux à 1,28 en milieu d’année 2006, on peut imaginer les difficultés que ces exportateurs peuvent rencontrer actuellement…
Lisez la suite dans le GEAB No 7 / 15.09. 2006