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L’exercice d’auto-évaluation

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Chaque année au mois de décembre, l’équipe LEAP/E2020 du GlobalEurope Anticipation Bulletin (GEAB) se livre à un bilan de ses anticipations pour évaluer la fiabilité de ses analyses.
Cet exercice, trop rarement pratiqué par les think-tanks, agences de notation et autres organismes de prospective, n’est pas seulement utile pour évaluer la fiabilité des anticipations de LEAP/E2020, il est également un exercice intellectuel nécessaire pour mettre en perspective les certitudes ou les évidences qui se sont évanouies en une année. Et donc pour chacun de nous, lecteurs et chercheurs de LEAP/E2020, c’est un exercice salutaire pour se préparer à anticiper l’année à venir. Nos travaux nous ont en effet conduit à constater quotidiennement combien chacun a tendance à remplacer les certitudes d’hier par celles d’aujourd’hui en oubliant complètement que celles d’hier pouvaient être à l’opposé de celles d’aujourd’hui. C’est sans aucun doute un élément essentiel du fonctionnement de l’être humain qui lui permet de s’adapter constamment aux nouvelles situations mais, quand il est mis en lumière, il éclaire singulièrement la « valeur » des « évidences » ou des « certitudes » d’une époque ou d’une collectivité, qui s’avèrent souvent très éphémères. C’est notamment l’un des rôles de LEAP/E2020 que de dévoiler ces tendances, d’anticiper les incertitudes de demain derrière les certitudes d’aujourd’hui.

Parallèlement, le plongeon du monde dans la phase d’impact de la crise systémique globale depuis l’été 2008 et son aggravation récente, provoquent des perturbations extraordinaires dans le fonctionnement des systèmes politiques, économiques, financiers, monétaires, sociaux et stratégiques et rendent d’autant plus complexe l’ensemble du processus d’anticipation en cette période de transition entre un système dominant en plein effondrement et un futur système global encore dans les limbes.
Enfin, cet exercice nous paraît essentiel également à des fins pédagogiques, car l’un des objectifs du GEAB est in fine d’aider ses lecteurs à être en mesure par eux-mêmes de s’exercer à l’anticipation politique.

A ce propos, notre équipe souhaite rappeler qu’il y a deux raisons fondamentales qui la conduisent à donner des dates ou des périodes indicatives pour les évènements et tendances majeurs qu’elle anticipe :

– d’une part, l’anticipation politique telle que conçue par LEAP/E2020 est un outil d’aide à la décision (1). Or toute décision est liée à un impératif de temps ; et la stratégie (d’entreprise, de gouvernement ou d’individus) n’est rien d’autre in fine qu’une tentative de maîtriser le facteur « temps » : la réponse à la question « quand doit-on agir ? » est tout aussi importante que la réponse à « que doit-on faire ? ». Il nous apparaît donc comme essentiel à la pertinence et à l’utilité de notre travail d’indiquer des dates chaque fois que nous estimons être en mesure de le faire. Bien entendu, cela constitue à chaque fois un risque supplémentaire, mais chaque GEAB est un exercice périlleux. C’est ce qui fait, à notre avis, tout son intérêt ;

– d’autre part, c’est le seul moyen pour pouvoir ensuite pratiquer une évaluation honnête des anticipations en question. Sans dates ou périodes indicatives, tout le monde peut avoir raison sur tout. Car il suffit d’attendre assez longtemps pour que tout et son contraire puisse survenir. Or, nous souhaitons que nos abonnés, nos lecteurs et notre propre équipe puissent régulièrement porter un jugement critique sur nos anticipations afin d’évaluer la qualité de notre travail, sa pertinence, ses limites et donc son utilité (2). Comme chacun sait, connaître les limitations d’un instrument est essentiel à sa bonne utilisation. Cela permet de savoir comment s’en servir au mieux et comment ainsi éviter d’en faire un usage non recommandé. Par exemple, ceux qui tentent d’utiliser nos anticipations pour spéculer, alors que nous répétons qu’elles ont seulement vocation à éviter de perdre, se reconnaîtront certainement ici.

Le GEAB est un instrument rationnel d’analyse et de compréhension des tendances qui façonnent notre avenir proche. À la différence des démarches idéologiques ou mystiques, son évaluation est donc une partie intégrante de son utilité.

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Notes:

(1) Voir à ce sujet le Manuel d’Anticipation Politique écrit par Marie-Hélène Caillol, Présidente de LEAP, et édité aux éditions Anticipolis.

(2) C’est d’ailleurs l’un des enseignements essentiels que notre équipe développe lors des cours d’anticipation politique de la fondation FEFAP. Depuis cet automne, ces cours se déroulent « en ligne » pour satisfaire la demande internationale.