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GEAB 181

Le bulletin mensuel du Laboratoire européen d'Anticipation Politique (LEAP) - 15 Jan 2024

31 tendances structurantes pour 2024

Géopolitique : recomposition asymétrique

1 – Le brouillard des élections américaines perturbe la visibilité globale

Il faut prendre la mesure de ce qu’implique cette absence de visibilité sur le résultat de l’élection américaine. Se présentant comme la première démocratie du monde, le système politique américain a été pendant des décennies réglé comme du papier à musique : deux mandats démocrates, suivis de deux mandats républicains, suivis de deux mandats démocrates… L’arrivée de Donald Trump à la présidence américaine est venue perturber cette symétrie parfaite, tout d’abord du fait de sa personnalité et de son style extravagant, sa présidence tumultueuse (jusqu’à une procédure d’impeachment dans les dernières semaines de son mandat), et enfin, le fait qu’il n’ait pas été réélu après un premier mandat, brisant ainsi le métronome électoral américain. Aujourd’hui, cerise sur le gâteau, même potentiellement empêché de se présenter par la justice de différents états américains, il est favori dans les sondages, alors qu’on a toujours considéré que les États-Unis détestaient les perdants. Autant adoré que détesté, si l’on prend en compte tous les scénarios plausibles, on ne peut même pas écarter un potentiel assassinat ! (ou décès brutal, après tout lui aussi affichera 78 ans lors du scrutin). En face, pour d’autres raisons qui ont plus à voir avec son âge (82 ans au lendemain du scrutin – 20 novembre) et son état de santé supposé, rares sont ceux qui oseraient parier à 100% sur le fait que Biden maintiendra sa candidature, ou qu’il terminera son mandat en cas de réélection. Non seulement on ne peut pas prédire le vainqueur, mais il est même difficile de prédire avec certitude les candidats à l’élection (les deux candidats déclarés se battant à coup de bulletins de santé[1]).

La stabilité politique des États-Unis reposait, en grande partie, sur la parfaite régularité de l’alternance au pouvoir. Au XXIe siècle, un monde de plus en plus instable ne peut se permettre d’accepter pour leader une puissance qui n’offre pas une visibilité claire, surtout quand son premier concurrent, la Chine, offre quant à lui, 100% de stabilité et de visibilité.

C’est un élément évident, mais souvent sous-estimé, qui participera à la montée en puissance des BRICS+ et à la perte d’influence des Occidentaux en 2024. Le choix de ceux qui s’alignent sur les BRICS+ apparaîtra de manière incontestable comme le plus porteur de garanties, d’opportunités, d’une direction claire dans l’avenir et pour un développement efficace. L’élargissement des BRICS parti pour être un succès du fait de son ambition juste (ni trop ni trop peu) ne pourra qu’éblouir les pays qui hésitent ou qui espèrent un même résultat d’un partenariat privilégié avec les États-Unis et l’Union européenne.

2 – BRICS+ : une puissante première année

La série d’élections 2024 ne doit pas faire oublier qu’il s’agit de l’année inaugurale des BRICS « + ». Leur opposition au système unipolaire américaniste et aux institutions internationales à obédience occidentale s’est radicalisée d’années en années. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’invasion russe de l’Ukraine (qui ne peut être considérée indépendamment de l’élargissement de l’OTAN) et la procédure judicaire portée à la Cour de La Haye par l’Afrique du Sud contre Israël. L’élection de Javier Milei en Argentine a fait perdre aux BRICS+ un membre stratégique, particulièrement dans l’agenda de la dédollarisation (quoique…[2]). Mais le rapprochement le plus important reste l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis. L’alliance parfaite de ces pays avec les BRICS historiques restent le développement d’une économie moins dépendante des revenus pétroliers. Ils peuvent apporter leur puissance financière aux États BRICS et aux pays alliés, quand les membres historiques et nouveaux peuvent fournir main d’œuvre et débouchés pour faire muer leur économie. Résultat : les BRICS+ seront un accélérateur de croissance et de diversification économique en 2024. Nous anticipons dans ce secteur une influence accrue de la NDB (Nouvelle Banque de Développement BRICS), dont les fonds seront renforcés et en capacité d’accroitre les financements qu’elle accorde dès cette année[3].

Sur le plan géopolitique, nous anticipons que l’ambition BRICS+ est de frapper un grand coup diplomatique dès 2024. Ukraine, Gaza, même si cela parait impossible du fait que ni la Russie, ni l’Arabie saoudite ou les EAU ne sont des acteurs neutres sur le terrain des conflits), d’autres perturbations géopolitiques ne manqueront pas de faire surface au cours de l’année (voir nos tendances Transnistrie et Mer Rouge). Les BRICS+ sont particulièrement bien placés sur la carte mondiale, combinant, avec le Brésil à leur tête en 2024, les influences, économique chinoise, stratégique russe, et diplomatique éthiopienne (siège de l’UA)[4].

3 – Taïwan : l’obligation de faire la paix

Le résultat des élections présidentielles à Taïwan révèle une société et une opinion publique divisée. Le candidat Lai Ching-te représentant le DPP (parti antichinois sortant) recueille un peu plus de 40% des voix[5]. Cependant, le KMT (prochinois) grand gagnant des dernières élections locales, reste un parti qui compte[6]. La réaction immédiate de la Chine montre que l’affaire n’est pas réglée et que l’année 2024 sera riche en développements. Mais notre équipe reste convaincue que personne n’a intérêt à un affrontement direct dans la région et la déclaration de Biden affirmant que les États-Unis ne défendent pas une indépendance de l’île va dans ce sens[7]. Nous interprétons donc les résultats comme une obligation pour Chinois et Américains de travailler ensemble, diplomatiquement, pour trouver un terrain d’entente et que chacun des acteurs impliqués puissent garantir ses intérêts et ceux des Taïwanais.

4 – Dangereuses initiatives stratégiques par des acteurs faibles (Transnistrie)

Ailleurs dans le monde, nous anticipons de nouvelles explosions, toujours dans le cadre de cette tendance de regain de tensions en vue d’une résolution durable de conflits « gelés ». Passée en second plan depuis le conflit russo-ukrainien, à la porte de l’Europe, la Transnistrie, région autonome prorusse moldave (ou enclave séparatiste moldave, suivant les analystes) présente des implications stratégiques énormes. Depuis le 1er janvier, la Moldavie impose un nouveau droit de douane sur ses exportations (elle taxe déjà ses importations depuis l’UE)[8] créant de nouvelles frictions. Les Russes pourraient profiter d’un rapport de force à leur avantage et d’une instabilité grandissante côté Ukrainien/Occidental pour élargir le conflit à cette région. Comme pour la Crimée, une base russe abritant 1 500 soldats est déjà sur place. Une séquence semblable à celle de la guerre de Géorgie en 2008, avec des affrontements entre citoyens transnistriens et armée moldave, est également un scénario envisageable. Stratégiquement une percée totale de la Russie sur le littoral de la mer Noire, pouvant aller jusqu’à sécuriser la position d’Odessa, serait un camouflet terrible pour l’Ukraine et l’Occident. Sans forcément aller jusqu’à une annexion aussi définitive que celle de la Crimée, une telle séquence s’inscrirait dans la stratégie russe pour forcer les Ukrainiens à céder sur une paix comprenant une partition de leur pays.

Figure 1 – Carte du front ukrainien. La Transnistrie est la région grisée à l’est de la Moldavie. Source: Financial Times

 

5 – Mer Rouge : retour des logiques de force

Les tensions en Mer Rouge vont dans le sens de cette tendance des acteurs faibles à raviver les tensions, mais aussi dans le sens d’une reprise de contrôle par les acteurs forts, en l’occurrence, Arabie Saoudite et Iran. Ces deux États, réunis à présent au sein des BRICS+, ne laisseront pas les Houthis faire dérailler les processus de paix qui émergent dans la région, l’enjeu central étant bien entendu Gaza. L’un des défis de l’année sur la scène internationale est de savoir quel acteur global sera capable de s’imposer comme faiseur d’ordre. Nous anticipons que dans ce cas particulier, ce seront les BRICS+ qui parviendront à trouver un moyen faire retomber les tensions, réglant, probablement dans l’année 2024, éventuellement 2025, le conflit au Yémen en ramenant le dialogue entre Iran et Arabie Saoudite, via la médiation de la Chine[9] et pavant ainsi le chemin à une issue au conflit israélo-palestinien.

6 – UE : crise finale

Dans la continuité de 2022, guerre en Ukraine, crise énergétique, crise climatique, désindustrialisation, …  la présidence espagnole de l’UE s’est terminée avec un conflit de plus, la guerre dans la bande Gaza. Des Sommets européens qui n’ont pas réussi à passer outre le véto hongrois pour de nouvelles aides à l’Ukraine ; des politiques européennes directement remises en cause par les citoyens (victoire écolo-sceptiques aux élections nationales, manifestations monstres des agriculteurs) ; un Parlement européen dont on attend toujours sa « révolution » démocratique, tout démontre à quel point les procédures et systèmes actuels sont à bout de souffle. Une large majorité de représentants politiques et de commentateurs s’accordent à présent à dire qu’une réforme est indispensable, ce d’autant plus dans la perspective d’un élargissement à 37 à horizon 2030 (Ukraine, Moldavie, Géorgie + Balkans)[10]. Seulement pour la mener à bien il faut légitimité et consensus, deux choses dont ni les institutions européennes ni les États-membres, de leurs élites politiques à leurs opinions publiques, ne disposent.

D’un côté les fédéralistes bruxellois se posent en profiteurs des crises institutionnelles et arguent que la perspective d’une Union à 30 ou plus n’est pas compatible avec les votes à l’unanimité et tentent ainsi de confier de plus larges pouvoirs aux institutions européennes, de l’autre côté une majorité de plus en plus nette de citoyens est réticente à plus d’intégration européenne[11].

Figure 2 : Elargissement et opinion publique européenne par État candidat. Source : Euronews, 12/12/2023

 

7 – Élections européennes : progression de l’extrême droite et raidissement de l’UE

Le point de bascule de la crise sera la progression des partis nationalistes aux élections européennes de juin prochain. Ces partis ont presque tous été fondés sur une sortie de leur pays de l’UE ou de l’euro. Ils ont tous évolué vers une doctrine selon laquelle ils n’envisagent plus la sortie mais souhaitent modifier en profondeur le projet européen. Or, à l’approche des élections, ils ne sont pas seulement placés en tête des sondages dans plusieurs pays, dont Allemagne, France et Italie, qui représentent un tiers des sièges au PE, mais ils sont surtout le mouvement politique le plus cohérent à l’échelle européenne. En 2024, cette unité qu’ils utiliseront pour porter des valeurs bien souvent contraires à celles qui font le socle de la construction européenne va irrémédiablement effrayer la bulle bruxelloise, qui va bloquer tous les verrous d’une UE qui ne peut plus se permettre de ne pas évoluer. Comme meilleur exemple, la course pour empêcher Viktor Orban de se saisir du poste de président du Conseil européen cet été, le « cauchemar du système bruxellois ». Actuellement occupé par Charles Michel, démissionnaire s’il est élu député européen en juin, l’intérim reviendrait à Orban, la Hongrie assurant le 2ème semestre 2024 de la présidence tournante de l’UE[12].

8 – UE : rayonnement en berne

Cette crise, qui sera manifeste après les élections, exacerbera une tendance déjà à l’œuvre : celle de l’éjection des Européens de la scène internationale. Elle se manifestera à plusieurs niveaux :

  • La fin des accords de libre-échange UE- tels qu’on les connaissait (censés être un point fort de l’UE). La ratification en novembre de l’accord avec la Nouvelle Zélande[13] est en réalité un révélateur. Seuls les partenaires « occidentaux » semblent offrir des relations productives, et encore, le traité de libre-échange avec l’Australie a été un échec cinglant[14]. Alors que les régions du monde qui offrent des perspectives de croissance significatives tournent le dos aux Européens, à l’image de l’accord UE-MERCOSUR, que l’Argentine signera un jour ou l’autre, peut-être[15]… pas d’avancées à anticiper du côté de l’Inde[16], du Mexique, de l’Indonésie, qui n’a plus besoin de l’Europe !…
  • Le dossier ukrainien dans lequel l’UE se retrouve en position de quasi-belligérant (engagement quasi-unanime tant en termes d’armement, de formation militaire, que d’aides financières, volonté d’intégrer l’Ukraine au plus vite au sein de l’UE comme membre à part entière, jusqu’au boutisme anti-Poutine, qui fait de la Russie l’ennemi de l’Europe). Les Européens sont de fait hors-jeu de tout règlement du conflit. Le format Normandie qui a guidé les accords de Minsk est définitivement de l’Histoire ancienne.

9 – Ukraine : processus de paix 2024, sans les Européens, sans les Américains, sans Zelenski ?

Si notre équipe ne se risque pas à anticiper la signature d’un accord de paix en 2024 même, les conditions devraient se réunir graduellement durant les prochains mois pour aboutir sur un accord en 2025. Les élections russes finiront par confirmer le caractère indétrônable de Vladimir Poutine, alors que les élections européennes, la campagne américaine, et l’absence d’élections en Ukraine, révéleront le caractère instable du camp opposé. Nous réaffirmons ici une anticipation de fin d’année 2023, les Ukrainiens s’apercevront que le soutien occidental faiblit et s’en détourneront avant que celui-ci ne se tarisse définitivement, d’autant plus que c’est aujourd’hui et pas à la fin de l’année qu’ils ont besoin d’argent et d’armes. C’est plus au sud qu’ils iront chercher un intermédiaire diplomatique, du côté de l’Arabie Saoudite, de la Turquie, de l’Union africaine… À la suite de l’impossible réalisation d’une contre-offensive testée en 2023, les positions stratégiques devraient peu bouger sur le front en 2024, ce qui permettra aux positions diplomatiques d’évoluer. Sans jouer de rôle direct dans les négociations, du fait de l’opposition russe, l’élection américaine sera un élément débloquant de la crise (et il est dommage que celle-ci se tienne si tard et ce pourquoi une négociation de la paix ne pourra s’envisager que vers fin 2024/2025 au plus tôt). S’il est quasi-impossible d’anticiper le résultat de l’élection, et quel que soit ce résultat, c’est un pays réticent à tout autre engagement sur le continent européen qui en ressortira, surtout s’il n’en tire aucune grandeur.

Figure 3 : Opinion américaine sur l‘engagement américain auprès de l’Ukraine. Source : Gallup

 

Et Zelenski ? Après avoir épuisé toutes les voies diplomatiques dans le monde, et encore aujourd’hui à Davos, peut-il encore être celui qui ira chercher la solution ? Un gouvernement transitoire (pour lequel semblent vouloir opter aujourd’hui différents acteurs[17]) et probablement militaire pourrait assurer l’émergence d’un compromis diplomatique qui sera entériné rapidement ensuite par une élection. Même sans tenir d’élections, ses chances de finir l’année 2024 en tant que Président sont faibles.

 

Politique : tensions internes et penchants autoritaires

10 – L’Argentine opte pour la manière forte

L’élection de Javier Milei dessine une perspective claire pour l’Argentine. L’approche libertarienne du nouveau Président implique des réformes radicales sur les plans économique et administratif avec un assainissement des comptes publics, des réductions de dépenses, et par conséquent une réduction drastique des prestations sociales. Si elle n’est pas sans conséquence sur les inégalités, la précarité, et provoquera des tensions sociales dans le pays, nous anticipons que cette approche peut apporter des résultats, particulièrement à court terme. De ce fait elle va servir de modèle aux pays occidentaux dotés des systèmes sociaux les plus généreux. Cela alimentera d’autant plus fortement la colère des peuples.

11 – Colère des peuples et réactions autoritaires des gouvernements

Il s’agit là peut être de la tendance la plus structurante de 2024 pour le continent européen. La situation est déjà préoccupante : agriculteurs en Allemagne[18], France[19], Pays-Bas[20], Pologne[21] ; routiers[22] en Slovaquie, Pologne, Hongrie ; personnels de santé au Royaume-Uni[23]… Les mouvements sociaux ne manquent pas au seuil de 2024 et surtout, ils ont tendance à prendre une ampleur transnationale[24]. Les tendances économiques et sociales décrites tout au long de cet article auront toutes pour effet de jeter de l’huile sur le feu de la colère des peuples qui ne trouvera qu’une expression insatisfaisante dans les urnes. Après un premier changement de gouvernement en France, nous anticipons d’autres démissions (la plus évidente apparaît être en Allemagne, où les jours d’Olaf Scholz comme chancelier sont comptés) et nominations en catastrophe, voire des élections anticipées.

12 – Extrême droite, radicalisation politique : sale temps pour la liberté et la démocratie

La montée de l’extrême droite en Europe n’est certes pas nouvelle mais elle se renforce d’année en année. Qu’elle s’inscrive dans une victoire ou une défaite, elle se traduira politiquement soit par une alliance avec les partis de droite conservatrice historique, soit par une radicalisation des politiques nationales, y compris celles menées par des partis non extrémistes dans un geste d’autoprotection, comme le fait actuellement le gouvernement français, en Allemagne les tentatives d’interdire l’AfD[25], aux États-Unis interdire la candidature de Trump…  Sale temps pour la liberté et démocratie[26].

De manière plus globale, cette tendance se traduit aussi par la réflexion d’un changement de modèle de puissance globale, la Chine en lieu et place des États-Unis. Nos sociétés sont à présent trop complexes et divisées pour que les dirigeants politiques ne cèdent pas à la tentation autoritaire pour garantir à la fois une cohésion nationale mais surtout une conduite des affaires efficace et productive.

13 – Les États-(dés)Unis de 2024

Un exemple parfait de cette tendance ce sont les États-Unis de 2024. Ce sera là le résultat de l’élection au-delà de la victoire d’un parti ou de l’autre. Une situation qui n’est pas nouvelle[27], mais qui deviendra insoutenable après les élections et qui obligera, là aussi, un virage autoritaire de l’administration prenant les rênes du pays en 2025.

14 – France : fracture définitive entre citoyens et élite politique ; boulevard pour l’extrême droite accédant au pouvoir dès 2024 ?

En France, cette tendance s’observe, avant tout, par la rupture entre élite politique et citoyens. Le parcours du nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, (n’ayant jamais évolué hors des quartiers les plus aisés de la capitale de sa scolarité à sa carrière politique) est une preuve criante. Sa nomination tient à sa popularité relative, qui elle-même tient à son jeune âge (34 ans). Mais un autre jeune représentant politique est au seuil du pouvoir, Jordan Bardella (28 ans), président du parti d’extrême-droite de Marine Le Pen, Rassemblement National. Son parti, première force d’opposition à l’Assemblée nationale et qui a raflé en 2019, vingt et un des soixante-dix-neuf sièges français au PE, devrait marquer un nouveau saut aux élections européennes de juin, révélant ainsi l’absence de légitimité du gouvernement actuel[28]. Le risque d’élections anticipées portant Jordan Bardella à la tête du gouvernement dans la seconde moitié de l’année n’est pas à écarter[29].

15 – Allemagne : le départ de Scholz

L’année 2024 s’est ouverte en Allemagne avec les manifestations des agriculteurs qui ont bloqué la circulation et le Brandenburger Tor, avec leurs tracteurs, la grève des conducteurs de train, des grandes parties du pays à nouveau sous l’eau et un chancelier, Scholz, qui n’a pas su saisir le moment « Schröder » à patauger en bottes dans l’eau auprès de ses concitoyens touchés par la catastrophe. A ce tableau s’ajoute, la destruction de North Stream, les livraisons sans fin d’argent et d’armes à l’Ukraine, l’agenda vert du gouvernement de coalition, et pourtant l’arrêt aux aides pour les véhicules électriques, le frein à l’endettement qui entraine le gouvernement dans une crise budgétaire inédite, le projet de taxer les agriculteurs, … le taux de confiance au plus bas[30], les médias qui dénoncent la responsabilité de Scholz dans l’affaire Wirecard tout en renforçant la popularité de Boris Pistorius, actuel ministre de la Défense (après une série de femmes ministres très impopulaires dont Ursula von der Leyen). Le décor est donc planté pour le départ de Scholz, toujours dans l’hésitation, au profit d’un homme d’action, Pistorius [31].

16 – Vatican : un chef sans église

Le modèle de gouvernance unipolaire ne fonctionne plus, alors que le monde affirme sa multipolarité. Une institution, le Vatican, qui est en fait le modèle même de l’unipolarité, n’échappe pas à cette tendance et perdra en 2024 toute sa dimension significative. Avec la montée d’un Islam attractif et moderne[32], la création de nouveaux dieux (IA), une plus grande visibilité des églises chrétiennes orthodoxes multipolaires, des églises catholiques nationales de plus en plus autonomes[33], et une « Terre Sainte » en guerre… nous anticipons que le prochain pape retournera à la (simple) fonction d’évêque de Rome.

17 – Changement de cap du Royaume-Uni, retour vers l’UE

Une anticipation qui sonne audacieuse mais qui est parfaitement réaliste. Le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne est consommé seulement en apparence, dans les faits les stratégies économiques et commerciales britanniques ne se sont pas franchement éloignées des stratégies européennes. En fin d’année cependant, le parti travailliste devrait sortir vainqueur des élections[34]. Débarrassées de Jeremy Corbin, les forces anti-européennes se font rares au sein de la gauche britannique (et à droite David Cameron aura signé sa fin avec son dernier portefeuille de Secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement). On en est rendu à des personnalités aussi influentes que le maire de Londres, Sadiq Khan, dénonçant clairement le Brexit[35]. Résultat ,deux scénarios sont sur la table : si la situation économique du pays s’aggrave sévèrement et que Irlandais[36] et Ecossais[37] parviennent à pousser suffisamment fort, un nouveau vote résultant en un retour formel du Royaume-Uni au sein de l’UE est possible ; plus simple encore et donc d’autant plus probable, un alignement pur et simple des choix politiques nationaux britanniques sur les décisions européennes pour garantir un accès fluide au marché unique, autrement dit le soft Brexit évité à tout prix par les Tories…

 

Economie : la réalité l’emporte sur la théorie

18 – Crise des dettes publiques

Les tendances économiques continuent de défier toutes les théories économiques et monétaires. Habituellement, en temps d’inflation et de croissance faible, les États ralentissent leur endettement voire réduisent leur dette (le coût de l’emprunt augmentant et la monnaie perdant de la valeur, cette mécanique doit se mettre en place naturellement). Seulement ce n’est pas ce qu’on observe, les États-Unis[38], comme les États européens ont continué d’emprunter massivement et le coût de la dette (le paiement des intérêts) devient de plus en plus pesant[39]. En 2024 cette situation va s’aggraver, comme nous l’avons démontré, notre équipe considère que les taux d’intérêt resteront élevés (voir le panorama et les recommandations), mais sans faire éclater définitivement la bulle. Sans que nous puissions observer clairement que nous basculons dans une crise de la dette, plusieurs points de rupture viendront mettre en lumière la crise à venir :

  • Le passage en récession de plusieurs économies occidentales qui rendra à l’approche de 2025 beaucoup plus insoutenable la structure des finances publiques.
  • L’échéance des prêts garantis par l’Etat, qui alimenteront des faillites de PME (voir points suivants) et viendront réduire les revenus publics.
  • La potentielle dénonciation des comptes publics dans le cas d’un changement de gouvernement, conséquence des élections. Ce risque est particulièrement identifié pour les États-Unis, dans le cas d’une victoire républicaine, le coupable démocrate serait tout trouvé.

19 – Après Birmingham, Paris ?

En septembre 2023, la deuxième ville du Royaume-Uni, Birmingham s’est déclaré en faillite[40]. Cette situation est décrite par les acteurs publics de la ville comme la « gueule de bois » conséquente de la « grande fête » qu’ont été les jeux du Commonwealth organisés en 2022. Difficile de ne pas faire le parallèle avec Paris qui accueille les JO de 2024. La ville est déjà massivement endettée (avec une augmentation de 200% de la dette sous la présente mandature[41]). Une gueule de bois est à anticiper pour la seconde moitié de l’année à Paris, niveau finances publiques et économie de manière générale. Les prix de l’immobilier ne cessent de baisser[42] et le rayonnement touristique de la ville a perdu de sa superbe[43]. Une crise économique/dette publique est donc à considérer sérieusement pour la deuxième moitié de 2024 ou début 2025.

20 – Faillites des entreprises : risque élevé d’effet domino

A l’image du ministre de l’Économie et des Finances en France qui vient d’accorder un échelonnement des remboursements sur trois ans (jusqu’en 2026) des prêts garantis par l’État accordés pendant la période COVID, pour « sauver certaines entreprises »[44], de nombreuses échéances vont tomber prochainement dans l’économie européenne et américaine. Ces échéances révèlent dans de nombreux cas la mauvaise santé de certains grands groupes (suivant l’index Allianz les entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires de plus de 50 millions d’euros) et provoquent des faillites en chaîne. Si les feux de l’actualité économique allemande sont braqués sur la faillite du groupe Signa, autrichien, et de tout son modèle économique, implanté en Allemagne, qu’il entraine avec lui (effet domino)[45], l’Allemagne a connu en 2023 la pire année en termes de faillites d’entreprises et pas des moindres (grandes marques dans le domaine de la mode, téléphonie, construction, production mécanique, alimentaire, etc…)[46]. 2024 ne se présente pas mieux[47], d’autant plus qu’en Europe les investissements vont manquer dans nombreux secteurs, répercussion de la crise de la dette publique (voir ci-dessus), et que pour 2024, ajoutée à la crise ukrainienne, la crise de la mer Rouge (et du canal de Suez) se répercute sur les transports et leurs prix.

Aux États-Unis, la situation est d’autant plus problématique, la tendance dure et s’amplifie chaque année depuis 2022, et 2024 n’opèrera pas de retournement. La combinaison de la hausse des taux d’intérêt, hausse des prix, fin des stimulus et un niveau d’endettement des ménages record rend le problème difficilement surmontable, surtout pour une année électorale[48].

Nous anticipons donc des faillites en nombre en Europe et aux États-Unis, avec un risque élevé d’effet domino, qui ne pourront pas être contenus par tous les États. Des États qui seront donc tentés de chercher l’argent « facile » auprès des contribuables[49], leurs placements et leur épargne… colère des peuples… radicalisation politique…

21 – Inflation et taux resteront élevés – malgré des prix des matières premières bas

L’inflation va rester élevée en 2024, alternant stagnation des prix et reprise de la hausse. Décembre 2023 a enregistré des reprises de la hausse en Europe[50] et aux États-Unis[51], l’inflation se propage au secteur des services, les prix de l’agro-alimentaire restent élevés[52], les tensions en Mer Rouge ravivent les craintes[53], le secteur du logement locatif est sous-pression du fait du manque de logement et de l’attentisme à l’achat, ce qui fait monter les prix. En bref l’inflation est loin d’être derrière nous et les gouvernements européens l’ont compris en négociant un prolongement du soutien aux prix de l’énergie jusqu’à fin 2024. Cette tendance va contre-carrer les volontés de baisse des taux qui ne pourront faire autrement que de rester au même niveau, voire connaître de nouvelles hausses, contrairement aux annonces faites fin 2023[54]. Et ces augmentations résisteront à un prix des matières premières relativement bas.

22 – Produit de base et matière première : prix à la baisse sur des marchés complexes et contradictoires

Le prix des matières et produits de base a baissé de 10% sur 2023 d’après l’indicateur de Bloomberg[55]. Nous anticipons que cette tendance va perdurer en 2024 malgré la contradiction apparente qu’elle représente avec une inflation importante. Le tout s’explique par l’entrée en récession des États et les difficultés des entreprises, endettés et manquant d’investissement et de commande qui chercheront tout de même à atteindre une forme de rentabilité en augmentant leurs prix.

Là encore l’attentisme découlant des élections, les difficultés des plus importantes économies du monde, les tensions géopolitiques en différents points du globe, et les tensions commerciales particulièrement autour du marché des voitures électriques, batteries et semi-conducteurs, vont impacter négativement les investissements et tirer à la baisse les prix. Cette tendance pointe déjà sur des produits et régions comme le Nickel en Indonésie[56] ou le minerai de fer en Guinée[57].

23 – Pétrole bon marché

Les prévisions[58] sur le marché pétrolier pointent toutes[59] vers une stabilité de prix bon marché. Un équilibre offre/demande apparaît comme le facteur principal de la stabilisation des prix. D’un côté les producteurs prévoient des baisses de production, de l’autre la croissance de la demande va ralentir du fait d’un ralentissement plus général de l’activité économique.

24 – Immobilier : la bulle continue de se dégonfler, plombant l’économie

Les prix de l’immobilier en Europe sont en baisse constante sur deux ans[60] et continueront de baisser en 2024. La raison principale de cette baisse est le niveau élevé des taux d’intérêts. Comme nous l’avons déjà écrit, ils resteront élevés en 2024 donc la baisse va se poursuivre. Cette baisse relève aussi d’une correction d’une bulle qui a gonflé avec les taux d’intérêt bas pré-covid. Pour l’instant il n’y a pas eu d’explosion et il n’y en aura probablement pas du fait que tous les acteurs impliqués sont conscients de la surévaluation des biens. La baisse s’opère donc à des rythmes différents en fonction des villes.

L’aspect le plus problématique de cette tendance est son impact sur le reste de l’économie. Les investissements sont reportés en masse, qu’ils proviennent de professionnels du secteur ou de particuliers qui cherchent à se loger ou recherchent des revenus passifs[61]. Ce type d’investissements dans le secteur de la construction sont moteurs de nombreux autres secteurs, ce sera l’une des causes du basculement en récession des économies européennes et de la vague de faillites que nous allons traverser

25 – Crise financière : “Tech Bubble” aux États-Unis

Figure 4 : Les 7 « magnifiques » (mercenaires) de la Tech américaine et leur poids dans le marché. Source : moomoo

 

Sans qu’elle soit nécessairement insurmontable, nous anticipons un éclatement d’une bulle financière de valeurs de la tech américaine. Les signes pointant en cette direction sont nombreux et devraient converger en 2024[62]. Les aspects problématiques de la conjoncture économique générale n’encourageront pas les investissements ; les valeurs tech ont fortement augmenté ces dernières années, et sont pour certaines, clairement surévaluées[63], notamment celles des 7 « mercenaires », alors qu’elles représentent près d’un tiers de la valeur du marché américain ; les innovations, particulièrement dans le hardware, ralentissent et apportent des progrès beaucoup moins significatifs que par le passé[64] ; l’arrivée de l’IA a bousculé la marche de l’innovation de ces dernières années, il s’agit à présent de composer avec la régulation à venir et de trouver des applications concrètes de cette nouvelle technologie (voir notre article Regard de lecteur sur l’avenir), ce qui va opérer une forme d’attentisme dans un premier temps, puis une redirection des investissements dans un second temps ; la dimension politique des géants de la tech est maintenant admise par tous, il ne manquerait plus qu’un nouveau scandale durant la campagne américaine pour faire de ces entreprises une valeur d’investissement qui ne peut être considérée comme neutre[65].

Pour certains analystes[66], les années 2024-2025, sont celles de l’éclatement des toutes les bulles, depuis celle de la dette (marché obligataire) au marché boursier en passant par celle du marché immobilier, les trois piliers de l’économie. 2023 a donné le ton, 2024 emboite le pas…

26 – Sevrage technologique généralisé

Cette tendance sera accentuée par un temps de pause technologique qui s’étalera sur toute l’année, à des niveaux différenciés tout de même. La jeune génération a un rapport à la technologie qu’il ne faut pas caricaturée seulement par une dépendance accrue, de nombreuses personnes remettent en question l’utilisation permanente des outils technologiques numériques[67]. L’année 2024 sera aussi marqué par une régulation accrue du secteur et des faillites potentiellement marquantes. Le tout combiné à des tensions sur l’accès aux ressources et à l’énergie, nous anticipons une pause dans le progrès et les usages de la majorité de ces technologies. Non pas un retournement pur et simple du progrès technologique mais une mise en standby sur l’année de la course en avant qui permettra dans la majorité des cas de prendre un recul nécessaire et de repenser les usages les plus bénéfiques pour assainir les pratiques les plus envahissantes.

27 – Remise en question des objectifs climatiques et environnementaux

Une autre remise en question portera sur les objectifs climatiques et environnementaux des États. Le Royaume-Uni peut ici être compris comme un précurseur[68].  Les gouvernements et institutions internationales ont été prompts ces dernières années à fixer des objectifs ambitieux sans se donner les moyens de les atteindre ou sans mesurer l’ampleur des ruptures économiques et politiques qu’ils impliquaient. Alors que des considérations beaucoup plus terre à terre prennent le dessus dans la conjoncture économique, la première victime sera sans doute aucun l’agenda climatique. Cette tendance pourra aggraver les tensions sociales entre une partie de la population qui a intégré l’environnement dans l’ensemble de son logiciel politique d’un côté, et de l’autre à la fois une autre partie de la population qui refuse de s’y plier et les gouvernements décisionnaires.

28 – Les Occidentaux vont devoir retourner travailler…

La crise COVID a révélé l’impasse dans laquelle s’étaient piégées les économies occidentales : une économie reposant essentiellement sur les métiers de services et la finance. Cette situation a entraîné une prise de conscience et des décisions politiques portant sur des objectifs de réindustrialisation et d’autonomie stratégique. Projets ambitieux qui ont pris du temps à trouver une traduction politique concrète, mais avec l’IRA d’un côté de l’Atlantique et les plans d’investissements industriels européens de l’autre, ces ambitions vont commencer à se concrétiser en 2024.

Conséquence de ces mesures trop peu prise en compte jusqu’à aujourd’hui, cela signifie pour les citoyens occidentaux de se retrousser les manches et de se remettre au travail. La tendance est alimentée par plusieurs phénomènes : la mise en application de l’IA qui pourra remplacer certains métiers, les faillites d’entreprises, les tensions géopolitiques et commerciales internationales, les tensions sur les approvisionnements en énergie (rien n’est plus fiable que l’huile de coude), la crise de sens au travail… Le tout va se traduire concrètement par une diminution des emplois de service (en commençant par ceux qualifiés de Bullshit Jobs) et augmentation d’emplois industriels, ouvriers. Les répercussions politiques et sociales seront mitigées puisqu’elles pourront à la fois se traduire par une levée de bouclier comme être accueillies positivement par ceux qui y trouveront un accomplissement plus important que dans les services.

29 – Reduction des flux migratoires

L’exigence de retour au travail sera alimentée et soutenue par une réduction des flux migratoires vers l’Europe, opérée principalement par une politique volontaire des gouvernements mais aussi par un début de retournement d’attraction des populations migrantes[69]. Le rayonnement en berne de l’UE et la progression des BRICS et du Global South, comme modèles globaux commenceront à se traduire dans les flux migratoires en 2024.

30 – En 2024, la population chinoise continue de baisser

2024 pourrait également être l’année de bascule en ce qui concerne l’immigration en Chine. Cette dernière ouvre à nouveau les portes d’accès à l’immigration d’affaires, études et touristiques[70], mais elle pourrait être encline à ouvrir ses ports pas seulement physiques mais virtuels aussi) à une immigration de travailleurs pour faire tourner ses centres de production et de distribution du fait d’une population vieillissante. La tranche d’âge des 65 ans et plus concernait 14% de la population chinoise en 2002. Les nouvelles politiques natalistes, d’autant plus que même en Chine le taux de fertilité est en baisse, n’auront que très peu d’effet à court terme sur ce vieillissement. Afin d’équilibrer dans le futur sa balance démographique population active & consommatrice elle aurait besoin d’un flux d’environ 50 millions d’immigrés dans les décennies à venir[71].  Si les portes de la Chine s’ouvrent c’est une marée qui s’engouffre dans ce nouvel eldorado du travail, quel que soit la nature du travail. Nul doute que le gouvernement chinois avancera avec toutes les précautions pour veiller à son empire intérieur » et qu’elle usera de toutes les technologies que promettent les IA pour tenir à distance une masse de travailleurs pas si immigrés que cela.

31 – Bitcoin = or numérique, dixit le gouvernement américain

Le message est clair : le gouvernement américain valide l’intérêt financier de Bitcoin, à court terme, et il pourrait même en prendre le contrôle à long terme. 2024 commence fort pour le monde des cryptos avec la décision historique de la SEC américaine d’autoriser le listing d’ETF Bitcoin sur les marchés financiers américains[72]. Ce faisant, l’administration américaine reconnaît l’intérêt et l’existence de cette crypto, une première pour une puissance globale. On observe que cette action est concertée avec Blackrock qui investit plus discrètement via l’achat d’unité et le rachat de capitaux d’entreprises du secteur[73], et sera l’un des principaux distributeurs des ETF[74].

Dans le courant de l’année, la légitimité de Bitcoin ne fera que progresser et sera admise par un public beaucoup plus large. Son cours sera sans aucun doute à la hausse même si nous n’attendons pas une explosion vu la réaction immédiate plutôt timide.

A plus long terme, cette décision, combinée à une politique incitatrice à direction des entreprises de minages de Bitcoin de s’installer sur le sol américain, donne la capacité technique aux États-Unis d’établir un contrôle quasi-total sur cette cryptomonnaie. Cette possibilité rejoint notre anticipation sur le fait que les États-Unis ne sont pas en retard ni naïfs dans le développement d’une MDBC mais qu’ils privilégient la stratégie d’imposer le contrôle sur une crypto qu’ils mettront à leur service plutôt que de créer une monnaie digitale. La contre-offensive à la dédollarisation du monde est en route.

_______________________

[1]     Source : APNews, 21/11/2023

[2]     Après avoir promis d’opter pour le dollar, le gouvernement argentin vient de confirmer que « les contrats peuvent être conclus en bitcoin ». Source : Les Echos, 22/12/2023

[3]     Source : Reuters, 10/08/2023

[4]     Ethiopie qui vient d’ailleurs de signer un accord historique avec le Somaliland, en acquérant une partie du port de Berbera pour assurer son accès à la mer Rouge. Source : France24, 01/01/2024

[5]     Source : CNN, 13/01/2024

[6]     Source : RTI, 26/11/2022

[7]     Source : BNN Bloomberg, 13/01/2024

[8]     Sources : Balkan Insight, 11/01/2024 et Courrier des Balkans, 10/01/2024

[9]     Source : Reuters, 14/01/2023

[10]   Source : Vie Publique, 24/11/2023

[11]   Chaque camp défend sa réforme, ainsi le camp de la droite nationale et nationaliste soutient elle aussi une réforme mais « nationaliste » de l’UE (un contrat entre nations). Source : DW, 08/10/2023. Les fédéralistes partagent des visions différentes qui vont d’un « super-état » européen doté d’une « super-souveraineté » (américaniste-impérialiste) à un fédéralisme progressif et pragmatique qui s’appuie sur le choix des citoyens européens s’exprimant à travers de véritables partis et organes transeuropéens. Source : Le Grand Continent, 29/12/2023

[12]   Source : Euronews, 08/01/2024

[13]   Source : Commission européenne, 27/11/2023

[14]   Source : France24, 30/10/2023

[15]   Source : Reuters, 04/12/2023

[16]   Alors que l’accord RU-Inde en est à sa phase finale de négociations, la route d’un accord UE-Inde semble longue. Sources : MINT, 16/08/2023 et India Briefing, 10/01/2024

[17]   Sources : Radio Classique, 07/12/2023 ; Le Monde, 06/12/2023, AsianTimes, 11/11/2023

[18]   Source : CNN, 15/01/2024

[19]   Source : AA, 06/12/2023

[20]   Source : The Guardian, 16/11/2023

[21]   Source : Reuters, 06/01/2024

[22]   Source : World Crunch, 06/12/2023

[23]   Source : Reuters, 03/01/2024

[24]   Source : The Guardian, 15/01/2024

[25]   Source : ZDF, 11/01/2024

[26]   Source : NZZ, 04/01/2024

[27]   Source : Yougov, 30/04/2023

[28]   Le RN est crédité de « 28.5% des intentions de vote exprimées. Soit dix points devant Renaissance, MoDem et Horizons » selon un dernier sondage. Source : BFMTV, 13/01/2024

[29]   D’où la nomination de Gabriel Attal, l’arme « anti-Bardella ». Source : FranceTVInfo, 11/01/2024

[30]   Source : Zeit, 04/01/2024

[31]   Source : Tagesspiegel, 07/01/2024

[32]   Source : CBN, 10/12/2022

[33]   Source : France24, 12/03/2023

[34]   Source : Statista, 2024

[35]   Source : FT, 11/01/2024

[36]   Source :  The Journal, 12/01/2024

[37]   Source : Politico, 17/11/2023

[38]   Source : Statista, 11/2023

[39]   Source : CNN, 16/11/2023

[40]   Source : Le Monde, 27/09/2023

[41]   Source : BFMTV, 13/12/2023

[42]   Source : Capital, 07/01/2024

[43]   Source : Quartz, 26/07/2023

[44]   Source : La Croix, 08/01/2024

[45]   Source : NZZ, 09/01/2024

[46]   Source : MDR, 19/11/2023

[47]   Sources : Merkur, 14/01/2024 et Trending Topics, 09/01/2024 ; Le Courrier des Stratèges, 15/12/2023

[48]   Source : Reuters, 03/01/2024

[49]   Source : Agrarheute, 12/01/2024

[50]   Source : The Guardian, 05/01/2024

[51]   Source : White House, 11/01/2024

[52]   Source : Ekathimerini, 11/01/2024

[53]   Source : Bloomberg, 13/01/2024

[54]   Source : The Guardian, 10/12/2023

[55]   Source : The Economist, 04/01/2024

[56]   Source : Fast Markets, 08/01/2024

[57]   Source : Nasdaq, 07/01/2024

[58]   Source : IEA, 10/01/2024

[59]   Source : CBC, 09/01/2024

[60]   Source : Euronews, 03/10/2023

[61]   Source : Idealista, 18/12/2024

[62]   Certains la considère comme le cygne noir 2024. Sources : moomoo, 26/12/2023; Medium, 08/01/2024. Ou encore la Banque d’Angleterre, source : CNBC, 10/101/2023

[63]   Source : Barron’s, 23/10/2023

[64]   Source : Wall Street Journal, 23/02/2023

[65]   Source : Brookings, 14/06/2023

[66]   Cf Housepricecrash, 17/12/2023

[67]   Source : Light Reading, 23/08/2024

[68]   Source : AP News, 20/09/2023

[69]   Source : FRA Europa, 23/10/2023

[70]   Source : Xinhua, 11/01/2024

[71]   Sources : Wislon Center, 31/05/2022 ; The Conversation, 18/07/2023

[72]   Source : Reuters, 11/01/2024

[73]   Source : Finbold, 28/08/2023

[74]   Source : Portail IE, 10/01/2024

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