L’ombre du Web3 se profile maintenant à l’horizon[1]. Il se présente déjà comme une nouvelle révolution, 25 ans après celle de l’arrivée d’internet dont nos sociétés commencent à peine à se remettre. Nouvelle étape de décentralisation et de désintermédiation, réaffirmation des libertés de l’internaute spoliées par le web 2.0 et ses grands prédateurs[2], révolution du système monétaire, démocratisation inhérente au nouveau modèle,… Il y a de quoi effrayer les puissances en place (banques, multinationales, big tech), qui commençaient à reprendre la main sur le net à grands coups de régulations et de contrôle de la circulation des idées. Et voilà qu’une nouvelle vague de transformation promet d’emporter les beaux petits murs tout neuf qui avaient été bâtis, transformant le web 1.0 citoyen en web 2.0 marchand et canalisant les revenus vers quelques grandes entreprises de la new tech.
A la perspective de cette nouvelle étape de transformation (et dans la veine de la tendance de retour à la réalité que nous avions identifiée en octobre 2020[3]), nous anticipons qu’un doute immense s’apprête à fondre en 2022 sur l’Occident quant à la pertinence d’une partie des projets et entreprises de transition/innovation. Cette vaste crise sera issue du questionnement de tous les acteurs y compris (voire en particulier) des chantres de la transition, à savoir la big tech qui s’apprête, d’après nous, à passer dans le camp anti-progrès…
Chronique d’une crise annoncée : la remontée des taux directeurs
Le déclencheur de ce vaste questionnement, on le connaît déjà. C’est la remontée des taux directeurs des banques centrales américaines et européennes. Tout est fait pour la repousser le plus loin possible et continuer le plus longtemps possible à soutenir les entreprises et le pouvoir d’achat. Mais les montants faramineux de liquidités créées par le feu croisé de toutes les armes monétaires et fiscales à disposition des banques centrales et des Etats (faiblesse de l’imposition, augmentation des dépenses publiques, endettement, monétisation des dettes, taux d’intérêt au plancher) conduisent à une dévaluation monétaire qui contribue à la tendance inflationniste que l’on sait. Problème : plus l’inflation s’aggrave plus l’économie coûte cher à faire tourner en aides sociales et coûts de production, réduisant d’autant l’impact de l’effort consenti.
Avec 6,7% d’inflation aux Etats-Unis en novembre, la population ne tiendra plus longtemps[4] malgré les 1.700 milliards du plan social et environnemental de Biden[5] dont l’efficience va se trouver diluée dans l’océan de dettes, l’inflation et l’évaporation résultant des difficultés de contrôle du fléchage (dans quelles poches finiront réellement ces sommes ?). La Fed a donc déjà commencé à resserrer sa politique[6] et poursuit l’action dans ce sens[7]. Pour ce qui est des taux, deux hausses sont attendues en 2022[8]. Du côté de la BCE, une inflation moindre et un discours plus optimiste sur son caractère transitoire l’aide à projeter une première hausse des taux en 2023 seulement[9]. Mais l’euro perd déjà de la valeur face au dollar[10] et il est probable que cet écart (bienvenu actuellement pour booster les exportations européennes) devienne un problème si les remontées de taux US déprécient trop la monnaie européenne par rapport au dollar, obligeant la BCE à suivre la Fed plus tôt que ce qu’elle prévoit actuellement.
Nous anticipons donc que mi-2022 au plus tard (mais pas avant fin avril, date des élections françaises), une remontée des taux viendra éclater la bulle des marchés financiers occidentaux, largement emmenée par les valeurs technologiques, fermant le chapitre boursier de la dernière décennie et obligeant à repenser toutes les stratégies de transition digitale notamment… même Bank of America le dit aujourd’hui[11].
A ce moment-là, l’Occident devra faire le bilan de la fuite en avant qu’il a menée pour rester en pole position au niveau mondial, et constater qu’il est de plus en plus à la traîne du progrès technologique emmené par l’Asie (et pas seulement la Chine)[12] malgré (voire à cause de) l’endettement stratosphérique dans lequel cette course l’a entraîné.
6G : La capitulation sur la 5G ne peut pas mener à une victoire sur la 6G
C’est avec la 5G que l’Occident s’est fait doubler par la Chine en 2018. Même si l’Amérique semble remonter le courant en mobilisant un camp « occidental » (l’open RAN dont nous avons déjà parlé) et en sanctionnant la concurrence (Huawei), c’est en fait ce que nous appelons une « capitulation » car, la « fair compétition » a ainsi pris fin. En lançant la course à la 6G, les Etats-Unis tentent une autre technique pour reprendre leur position de leader[13] : alors que la 5G est loin d’être déployée (70% des abonnés à la 5G sont en Chine[14] et même si la couverture s’améliore rapidement en Europe et aux Etats-Unis, de nombreuses tracasseries éloignent les perspectives de déploiement[15]) et que personne ne sait encore à quoi pourrait bien servir la 6G[16], la course est déjà lancée pour imposer ses technologies et ses fleurons dans les négociations des futurs standards internationaux à coup de milliards de dollars[17]. Le but n’est manifestement plus d’apporter à la société les outils dont elle a besoin pour fonctionner mieux mais de battre des rivaux systémiques ; pire, l’énergie et les sommes consacrées à la 6G sont inévitablement un manque à gagner pour le déploiement de la 5G, pourtant indispensable à la transition digitale et à la compétitivité des entreprises occidentales. Comme le rappelle Khmer Times (vietnamien), « la 6G ne devrait (pourtant) pas être un champ de bataille géopolitique »[18].
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