On nous parle beaucoup de fin de civilisation liée à l’arrivée de l’IA que ChatGPT a rendue concrète pour tout le monde. L’humain n’aurait plus de valeur ajoutée ou si peu désormais, l’IA serait tellement plus que l’IH…
Nous avons des nouvelles du futur qui sont à la fois rassurantes et inquiétantes. Sans humains éduqués et rationnels, ChatGPT et consorts ne tarderont pas à devenir complètement fous. C’est une bonne nouvelle pour ce qui est de l’utilité des humains[1]. Mais c’en est une très mauvaise pour ce qui est de cet outil merveilleux qui a été mis entre nos mains il y près de 30 ans : internet.
L’incroyable réduction de l’écart cognitif entre citoyens et dirigeants et l’immense dynamique de rapprochement des humains entre eux, permises par cette invention, ont commencé à ralentir vers 2015 dans le contexte du terrorisme puis du trumpisme notamment, qui ont donné l’occasion de réguler internet, de complexifier son pouvoir socio-agrégateur, de contraindre les grands acteurs (que ce soit fournisseurs d’accès, de contenu et d’application, les serveurs, hébergeurs, transitaires, ou encore les moteurs de recherche et réseaux sociaux …) à contrôler leurs ouailles.
Puis la chasse aux discours anti-vaccins bientôt suivie de celle aux discours pro-russes dans le contexte de la guerre Russo-Ukrainienne a abouti à la mise à l’index de sites web, voire de pays entiers, et à la réduction forte et brutale de la diversité des opinions sur de nombreux sujets dans le cadre des recherches Google ou autres moteurs de recherche occidentaux (Qwant, Yahoo, Bing …)
Et voici qu’intervient ChatGPT, et en 2 mois seulement, des contenus non plus seulement biaisés mais purement et simplement ineptes font déjà leur apparition. C’est en tous cas l’expérience ressentie fortement par notre équipe dans le cadre de la préparation du présent numéro[2].
Certes nous reconnaissons l’utilité de ces IA et ne les condamnons pas en globalité. D’autres outils dans ce même champ d’application sont plus « honnêtes » et fiables insérant citations et sources (Perplexity). Mais il faut surtout et toujours se méfier des automatismes, l’erreur n’est pas qu’humaine.
Il semble en effet que des armées de journalistes (ne sachant sans doute pas écrire) posent directement leurs questions à ChatGPT et relisent rapidement un contenu portant sur des connaissances qu’ils maîtrisent mal, laissant passer les pires inepties. Ces textes désormais signés seront repris par le même ChatGPT qui en peu de temps ne se nourrira plus que d’inepties produites en toute in-intelligence par lui/elle-même. Oui, cet(te) IA apprend tout(e) seul(e). C’est bien là le problème : il/elle ne va pas tarder à se nourrir de ses propres contenus incorrects et inventer un monde totalement absurde et déconnecté de toute réalité/rationalité.
Et ça va aller très vite.
Cela dit, cela va nous imposer de reprendre vite le contrôle de nos systèmes d’information mais surtout d’éducation. Les écoles sont en effet les premières à s’inquiéter de l’absurdité des tests de connaissances suite à l’introduction de ChatGPT. En réalité, cela fait longtemps que les étudiants ont cessé d’apprendre à écrire, allant plus vite à copier-coller des contenus mal digérés, sans que de grandes réformes n’aient été apportées aux méthodes pédagogiques et de contrôle. « Grâce » à l’expérience ChaptGPT, les chances augmentent que les éducations nationales du monde entier commencent à se ressaisir et à se réinventer pour créer les conditions d’un XXIème siècle éclairé.
Nous n’aurons pas le choix : depuis le Covid, les talents manquent… Et de même que la révolution industrielle a éduqué ses masses pour éviter d’avoir des débiles aux commandes de ses machines, l’éducation va redevenir une priorité pour produire des humains capables de comprendre, surveiller, voire corriger, le travail de l’IA.
Pendant longtemps, les Etats-Unis, puis dans une moindre mesure l’Europe, ont réduit les efforts financiers requis pour éduquer ces masses, comptant sur les cerveaux formés ailleurs puis sur les nouvelles technologies. Mais désormais les cerveaux formés ailleurs vont travailler ailleurs et les nouvelles technologies atteignent leurs limites de machines.
Et de même que l’Occident va devoir réapprendre à produire des biens, chacun va devoir recommencer à éduquer correctement ses propres populations pour réduire la durée de l’inévitable guerre des talents qui commence à pointer son nez (ceux qui mettront la main sur les cerveaux fabriqués en Chine, dans l’ASEAN, en Inde… survivront).
En conclusion, si, comme nous, vous avez commencé à remarquer que vous aviez parfois du mal à comprendre les articles que vous lisez, ne questionnez pas votre intelligence mais bien celle de la machine. La responsabilité de cet effondrement en incombe bien sûr à tous ceux qui croient (ou se plaisent à faire croire) que l’IA les remplace alors qu’elle n’est qu’un outil à leur disposition.
Les Chinois sont par exemple en train d’utiliser l’IA pour remplacer les mineurs dans les mines de charbon[3]. Voilà qui fait sens. Mais lorsqu’on remplace des journalistes par de l’IA, ou qu’on remplace l’éducation des journalistes par l’IA, alors on commence à avoir un problème. Et avant qu’on ait réussi à reprendre le contrôle des fondamentaux éducation/information, il va falloir subir une période de très grande confusion conceptuelle et cognitive qui sera l’une des caractéristiques fortes des crises post-Covid.
En guise de conseils, faites comme le GEAB :
Ce faisant, vous contribuerez non seulement à maintenir vivante votre intelligence de la réalité, mais vous contribuerez à cette belle réaffirmation du supplément d’âme de l’être humain que l’effondrement e-cognitif va permettre. Retour à l’Humain !
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[1] Nous vous renvoyons vers notre entretien du mois dernier avec Bogdan Herea : « Regard de lecteur sur l’avenir : « Les progrès des intelligences artificielles ont marqué une rupture cette année ». GEAB 174, 15/04/2023
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