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Le bulletin mensuel du Laboratoire européen d'Anticipation Politique (LEAP) - 15 Sep 2019
L'Extrait public

En phase avec nos anticipations de 2006 concernant la chute de la deuxième moitié du système bipolaire centré autour de la Russie et des Etats-Unis, le récent limogeage du conseiller à la sécurité de Trump, le néo-conservateur John Bolton, est d’après nous un événement de la même portée historique que le lancement de la perestroïka[1] par Gorbatchev. En expulsant ouvertement ce faucon néoconservateur, Trump marque ni plus ni moins la fin de l’impossible empire américain. La nouvelle est aussi enthousiasmante pour le monde que celle de la perestroïka, mais les conséquences pour les États-Unis seront aussi compliquées à gérer qu’elles l’ont été pour la Russie. Nous anticipons le rembobinage de l’effet domino que nous avions anticipé et décrit fin 2016, et in fine, un retour de la crise politico-financiaro-économique à son point de départ : les États-Unis. C’est ainsi que nous signons un article très (peut-être un peu trop) optimiste quant au reflux des tensions géopolitiques mondiales et des solutions extrêmes, tout en finissant malgré tout sur une note pessimiste quant aux perspectives économiques et politiques sur les États-Unis.

Les deux extrêmes droites américaines

En avril 2018, nous avions estimé que Trump avait placé Bolton au plus près de lui non pas pour bénéficier de ses lumières, mais afin de le surveiller. Bolton est un néoconservateur, plus précisément l’une des éminences grises de l’extrême-impérialisme-américain-missionné-par-Dieu-en-personne issu de l’époque de Bush Jr et sa tribu d’armagéddonistes[2]. Bien que situé à l’extrême droite de l’échiquier politique US, Donald Trump est à l’opposé de cette vision. Ancré dans le terreau de l’Alt-right[3] isolationniste, protectionniste et anti-mondialisation, il prône un retour à la maison des États-Unis et l’arrêt de l’épuisement de leurs forces dans les affaires du monde : « America first » en lieu et place de « America world », comme nous l’avons écrit maintes fois depuis novembre 2016[4].

Trump est probablement le premier des présidents nord-américains depuis la Seconde Guerre mondiale à avoir cet objectif politique de « désimpérialisation » de l’Amérique. Bien plus que la Russie, la Chine ou l’Europe, son principal opposant est donc l’appareil d’État US.

Tout l’appareil d’État ? Non ! Sinon Trump ne serait pas à la Maison-Blanche… Comme nous l’avions analysé en 2016, il y a au moins l’appareil militaire qui a décidé de soutenir sa candidature dans la dernière ligne droite de l’élection. Rappelons qu’en 2016 les États-Unis étaient à deux doigts d’un conflit ouvert contre la Russie autour de la question syrienne et qu’il était donc temps de rétropédaler[5]

Néanmoins, Trump avance vent debout contre tout un appareil d’État rompu à l’exercice de domination mondiale, en un combat contre les réflexes, les habitudes, les processes, la paresse de toute administration. Mais, cachés dans les recoins de cette administration, il y a aussi les durs, les faucons, les idéologues de l’impérialisme US : nommons les fameux « néoconservateurs » de l’ère Bush Jr !

Il était donc habile de la part de Trump de choisir l’un des plus retors et influents d’entre eux, John Bolton, et de le placer en pleine lumière à ses côtés. Sous haute surveillance pour éviter tout dérapage, la politique extrémiste des néoconservateurs était ainsi mise à l’épreuve des faits, permettant de révéler qu’elle ne pouvait qu’aboutir à des guerres, guerres que ni les finances ni les capacités militaires US ne permettent plus d’assumer[6].

La preuve étant faite, depuis le 10 septembre (date du limogeage de Bolton), une nouvelle étape de la politique étrangère de Donald Trump s’ouvre.

Figure 1 – Départs significatifs de l’administration Trump, 2017-2019. Source : AFP.

Les échecs de la politique de Trump

Depuis un peu plus d’une année, force est de constater que toutes les stratégies internationales de Trump, que nous avions patiemment décryptées/anticipées dans les deux premières années de son mandat, se sont toutes retrouvées en échec : Iran, Corée du Nord, Chine et Venezuela, pour ne nommer que les principales. Chacun de ces bras de fer n’a pour l’instant abouti qu’à durcir les positions des gouvernements concernés. Au moment où les tensions générées deviennent insupportables, Trump met tout sur le dos de Bolton, l’accusant en particulier d’avoir fait capoter l’accord US-Corée du Nord sur les essais nucléaires, d’être bien trop intransigeant vis-à-vis de l’Iran[7], de l’avoir empêché d’avancer sur le Venezuela[8] et d’avoir été à la rédaction de tous les ordres « présidentiels » concernant notamment l’affaire Huawei[9]. Si nous n’avons aucun doute sur le fait que Bolton a en effet contribué à durcir la politique étrangère de Trump au cours de ces derniers mois, il est aussi – et surtout – le fusible idéal pour envoyer un grand coup de volant dans la conduite de sa diplomatie sans perdre la face[10].

Ce n’est pas la première fois que nous expliquons dans ces pages que Trump est un catalyseur de changement, car au lieu de s’échiner à empêcher les différents acteurs d’aller jusqu’au bout de leurs logiques (comme le faisait un Obama) et donc d’en bloquer tout dénouement possible, il leur dit « chiche ! »… et il regarde les baudruches se dégonfler les unes après les autres.

Déradicalisation d’Israël

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